Les significateurs astrologiques de la dépression
Je pense maintenant qu’il serait approprié d’examiner de plus près certains des facteurs astrologiques qui semblent apparaître régulièrement dans les cas de dépression grave ou prolongée. Je voudrais que vous gardiez à l’esprit les principaux points que nous avons abordés jusqu’à présent, car je veux que vous compreniez ce que ces indicateurs astrologiques signifient réellement en termes humains, plutôt que de simplement mémoriser une liste de choses à rechercher dans un thème.
Nous avons considéré la dépression comme une expression inversée ou indirecte d’émotions destructrices non exprimées, et aussi comme une étape de développement nécessaire pour permettre à l’individu de passer d’un état infantile et informe à un état où l’ego, le centre de la conscience, est fort et capable de faire face à la vie et de s’y adapter.
Peut-être devrions-nous également garder à l’esprit la qualité du deuil qui accompagne inévitablement ce passage vers un sentiment d’individualité, car il s’agit en fait d’un passage de l’enfance avec son identification parentale à la maturité avec son sentiment de séparation. La dépression ne concerne pas seulement les sentiments destructeurs, mais aussi la séparation et donc le deuil, même s’il n’y a pas de cause extérieure apparente au chagrin.
J’ai déjà mentionné « Pluton et le Scorpion » et « Saturne et le Capricorne » comme des points astrologiques dominants dans la dépression. Dans ce cadre général, en plus des thèmes dans lesquelles l’un ou l’autre de ces points dominent, je prends également en compte des aspects tels que le Soleil ou la Lune en aspect avec Saturne ou Pluton, et Mars en aspect avec Saturne ou Pluton.
J’examine aussi attentivement Saturne lorsqu’il est placé dans la 4e, la 8e ou la 12e maison. Et je regarderais attentivement Vénus en aspect avec Saturne. L’aspect « Vénus Saturne » est connu pour son lien avec la dépression, et je pense que les raisons devraient vous paraître évidentes. Vénus en aspect avec Saturne est l’un des symboles astrologiques d’une enfance solitaire et privée d’émotions, et du sentiment d’être mal aimé, peu aimable et isolé.
C’est aussi, si je reviens au modèle de Klein, l’un des drapeaux rouges qui suggère que, parce qu’il y a une rétention ou une privation émotionnelle d’une certaine sorte dans le contexte familial au début de la vie, l’individu n’aura probablement pas été capable de faire ce voyage critique de séparation avec les parents, puisque tout enfant trouvera presque impossible de se séparer de ce qu’il ou elle n’a jamais eu. On ne peut quitter la table du dîner de son plein gré que si sa faim a été au moins modérément satisfaite.
Si l’on est affamé, on ne peut penser qu’à manger. L’une des caractéristiques des contacts difficiles entre Vénus et Saturne, jusqu’à ce qu’ils soient travaillés à un niveau profond, est de rechercher une sorte de parent parfait et inconditionnellement aimant dans chaque relation adulte, puis de se sentir déçu, rejeté et amer lorsque l’autre s’avère être une personne ordinaire avec un amour humain ordinaire à offrir.
Vous pouvez comprendre pourquoi tout rejet ou toute séparation, aussi minime soit-elle, peut plonger une personne présentant un aspect Vénus-Saturne difficile dans la dépression, puisque la dépression est là, sous-jacente, tout le temps — encapsulée dans un enfant solitaire, affamé d’émotions, qui ne peut se défaire du rêve d’un amour parental inconditionnel, et qui est plein de rage contre la vie parce que cet amour ne s’est jamais matérialisé.
Parfois, on trouve de curieuses juxtapositions dans le thème d’une personne gravement déprimée, comme des aspects difficiles entre Vénus et Saturne ou entre le Soleil et Pluton, à côté d’aspects réputés joyeux et positifs, comme la Lune et Jupiter ou en sagittaire. On pourrait penser que les qualités « agréables » contrebalanceraient le caractère dépressif d’un Saturne ou d’un Pluton difficile.
Les aspects entre la Lune et Jupiter ont tendance à mener à une idéalisation de la vie ; la scission se fait dans l’autre sens, et l’individu projette tous les mauvais côtés à l’extérieur et s’identifie à un monde mythique merveilleux où il ou elle est l’enfant privilégié et a droit à des exemptions spéciales des désordres habituels que les autres doivent supporter dans la vie.
Il s’agit d’un modèle plutôt maniaque, puisque les contacts
- Lune-Jupiter
- Soleil-Jupiter
sont enclins à s’identifier au tout bon, tandis que les contacts
- Soleil-Saturne
- Lune-Saturne
- Vénus-Saturne,
- Soleil et Lune-Pluton
ont tous tendance à s’identifier au tout mauvais et au côté dépressif.
Le jupitérien (sagittaire) vole haut, espère haut et voit grand. Il peut d’autant plus être déçu.
On pourrait également dire la même chose des associations telles que les aspects
- Soleil-Saturne
- Lune-Saturne
- Soleil-Neptune
- Lune-Neptune
- Vénus-Neptune
Neptune, plus encore que Jupiter, recherche un état d’existence idéal, et aspire à retourner dans les eaux où il n’y a ni conflit, ni douleur, ni séparation. L’écart est trop grand entre la réalité intérieure et extérieure qu’il rencontre dans la vie ; et l’abîme entre les deux est la dépression, le lieu de passage difficile parmi les rochers et les épines.
Les aspects lune Pluton et la dépression
Les aspects « Lune-Pluton » sont aussi un autre type de signal d’alarme. Je pense qu’il existe une dépression psychologiquement héritée. Il est possible pour une personne de porter la dépression de ses parents. Les enfants de mères dépressives souffrent souvent eux-mêmes de dépression — surtout si la mère ne sait pas qu’elle est dépressive et qu’elle se comporte de manière très gaie et efficace.
Au début de la vie, l’inconscient de la mère et l’inconscient de l’enfant sont fusionnés, car le « moi » de l’enfant ne s’est pas encore formé et séparé de la psyché maternelle. Si la mère est dans un état de désespoir, l’enfant en sera infecté. Pour utiliser une image plutôt brutale, c’est comme boire du lait empoisonné. La mère personnelle est la médiatrice de la mère archétypale pour son enfant. Si elle erre « aveugle et désespérée » dans l’obscurité, alors elle ne sera, par inadvertance, que la médiatrice de la mère sombre — ce qui signifie, à un niveau plus humain, une expérience de la vie qui est négative, sans espoir, amère et sombre.
La dépression de la mère a un impact sur l’enfant. Mais la mère n’a pas placé elle-même l’aspect « Lune-Pluton » dans le thème de son enfant, pas plus qu’elle n’a décidé d’être dépressive et l’on ne peut guère la blâmer pour quelque chose dont elle est elle-même la victime. C’est comme si un dilemme archétypal était présent dans la famille, partagé par la mère et l’enfant, et qui s’il n’est pas stoppé peut se propager sur toute une lignée.
L’aspect « Lune-Pluton » évoque une tendance à considérer chaque petit malheur comme une sorte de trou noir psychique où toutes les déceptions sont utilisées pour confirmer une vision négative généralisée de la vie.
Certaines personnes ayant une « Lune-Pluton » décrivent leur mère comme « froide », mais Pluton n’est jamais froid. Il peut être vindicatif, et peut faire souffrir la famille parce que la personne a été privée de ses besoins émotionnels. Il se peut que la mère ait été affamée sur le plan émotionnel et qu’elle se soit tournée vers son enfant pour se consoler de son malheur, ce qui, bien sûr, signifie que l’enfant devient la mère, alors que la mère est secrètement l’enfant. Tout cela est implicite dans les aspects difficiles « Lune-Pluton ».
Il y a aussi le problème de la colère naturelle, de l’indignation et de l’abandon que l’enfant ressent parce qu’il ou elle a été impuissant face à cette contagion psychique. On n’a pas été materné et à un niveau très profond, il y aura inévitablement une poche cachée de sentiments très destructeurs envers la mère.
Il est probable que la mère elle-même était pleine de colère, et donc effrayante d’une certaine manière. Il est également très difficile de faire face à de tels sentiments, car nous revenons une fois de plus au problème de l’acceptation de sa propre destructivité sans nous identifier exclusivement à elle.
Selon toute vraisemblance, c’était aussi le problème de la mère — sinon, elle ne serait pas restée à souffrir passivement, mais aurait éclaté de colère et tenté de changer sa situation. La mère n’est donc pas en mesure d’aider l’enfant parce qu’elle ne peut pas faire face à ses propres sentiments destructeurs ; c’est pourquoi elle était inconsciemment dépressive. Cela peut sembler assez compliqué. Mais essayez d’y réfléchir, car en réalité, la dynamique est très simple, très humaine et très courante. « Lune-Pluton » n’est pas un aspect « rare ». Il représente l’une des nombreuses constellations familiales typiques.
Les prédispositions des signes zodiacaux à la dépression
Je pense qu’il existe une prédisposition de base à l’expérience de la dépression chez certains signes. J’en ai déjà parlé un peu à propos du Capricorne, du Scorpion, et du Sagittaire. Chaque signe a sa propre façon de voir la vie, et exprime une vision sélective. C’est comme si nous regardions la vie à travers des lentilles teintées d’une coloration particulière, et que nous l’interprétions donc de manière très sélective.
Le Sagittaire, par exemple, perçoit à travers la lentille de Jupiter. Le Sagittaire perçoit sélectivement les opportunités de croissance, et souvent ne prêtera pas attention aux sentiments négatifs immédiats qu’une mauvaise expérience provoque. Ces sentiments négatifs obscurciraient la perception intuitive du signe. Il est rare d’entendre un Jupitérien typique décrire ses sentiments à propos d’une expérience passée. La douleur, le choc, la solitude, la colère, la trahison, peu importe, ont quasiment disparu de sa mémoire, car la perception de la personne se concentre presque exclusivement que sur le sens caché d’une situation (qu’est-ce que je suis censé apprendre de tout cela) et non sur ce que cela peut provoquer comme dégâts en lui.
En raison de cette façon particulière de réagir à la vie, il y a souvent un gros arriéré d’émotions difficiles enfouies dans le sous-sol de la psyché du Sagittaire. C’est pourquoi, si l’on trouve des aspects tels que « Vénus-Saturne » ou « Lune-Pluton » dans un thème dominé par Jupiter ou le sagittaire, il s’agit de signaux d’alarme pour la dépression, car lorsque ces configurations sont déclenchées, tous les sentiments et émotions perdus remontent à la surface — ou, du moins, vont essayer de remonter à la surface.
Le jupitérien, cependant, est un très bon coureur de fond, et peut réussir à éviter la dépression pendant de nombreuses années, jusqu’au jour où…
D’autre part, les perceptions du « Capricorne » sont tout aussi sélectives que celles du Sagittaire ; mais la planète qui se tient derrière le Capricorne n’est pas Jupiter, mais Saturne. Le Capricorne n’est pas prédisposé à voir un monde plein de sens inhérent pointant vers un but spirituel profond. C’est la mortalité du monde que le Capricorne voit — ses limites, sa lutte inhérente, la nature très fragile de la vie, et l’extrême vulnérabilité de l’humain.
Pour « le Capricorne », il ne faut pas s’attendre à une grâce du ciel ; la vie est dure, et il faut travailler avec acharnement pour prendre pied au milieu des contraintes de la réalité. La personnalité elle-même du capricorne contient en germe la fatalisme, la mélancolie et la sévérité envers lui-même. Le Sagittaire devient dépressif, en revanche, parce qu’il s’est le plus souvent heurté à des limites qu’il ne voulait pas voir, tout occupé à son optimisme légendaire.
La dépression du Capricorne reflète le fond archétypal du « senex », le vieil homme qui a tout vu et qui n’a plus d’illusions. La dépression du « Sagittaire » reflète la douleur du « puer » qui volait joyeusement et qui se heurte à un mur de briques. C’est donc une dépression qui découle d’une désillusion.
La personnalité du « Scorpion » cherche toujours à fusionner avec ce qu’il aime, tout en craignant la perte de pouvoir qui accompagne cette fusion. Le déclencheur de la dépression du « Scorpion » est la solitude et la séparation. Il est évident qu’aucun individu n’est purement « jupitérien », « saturnien » ou « plutonien », et les racines réelles de la dépression sont généralement un enchevêtrement des trois.
La séparation et la perte semblent donc souvent être à la base de la dépression du plutonien. Je pense que, tout comme le saturnien a une sorte de mélancolie permanente en raison de la nature de la vision du monde du signe, le plutonien en a aussi, car les séparations font partie de la vie, à commencer par la séparation primitive d’avec la mère.
La nature passionnée du plutonien cherche toujours à fusionner avec l’objet, que cet objet soit une personne, un travail ou autre. Si l’objet aimé est arraché, par le rejet ou la mort, alors une rage profonde surgit — la rage noire de la nature lorsqu’elle a été violée ou frustrée. C’est pourquoi nous trouvons ces charmantes images mythiques telles que la furieuse Déméter lorsque sa fille Perséphone lui est volée. Lorsque Déméter perd Perséphone, elle se venge sur la terre elle-même et va punir tout ce qui se trouve sur son chemin.
La guérison du plutonien commence lorsqu’il devient possible pour l’individu d’avoir du chagrin plutôt que de la rage. On peut alors commencer à pardonner à la vie.
Sortir de la dépression
Quel transit reflète le changement et la sortie de dépression ?
Uranus qui transite sur son Soleil. Je pense qu’un transit comme celui d’Uranus sur le Soleil natal peut être extrêmement créatif pour une personne coincée dans une dépression, parce que le transit reflète un mouvement intérieur, une ouverture de tout ce qui a été enfermé. C’est l’éveil du sens de l’individualité, la lumière au bout du tunnel, car le Soleil est le symbole du soi — le but du travail alchimique. Les transits et les progressions sont très importants si l’on veut avoir une idée du moment où quelque chose essaie de bouger dans la psyché. Tout travail thérapeutique sera d’une utilité optimale à ce moment-là, car on travaille avec le flux de l’inconscient.
Avec un peu de chance, les potentiels et les dons individuels qui n’étaient pas disponibles auparavant sont intégrés dans la conscience et dans la vie. Généralement, cela inclut une capacité à faire face à la séparation et à la solitude, ce qui manquait auparavant à l’individu. « L’ego-moi » est renforcé, ce qui signifie que la confiance en soi, l’estime de soi et la foi en la vie sont renforcées. On a enfin lâché le fantasme « des parents parfaits et qui auraient dû nous aimer parfaitement » et l’on peut donc vivre sa propre vie sans être inconsciemment poussé de l’intérieur par le désir de trouver le parent parfait en tout et en tous et par la terreur de ne pas survivre sans ce parent. Cela peut sembler peu, en matière de garanties de bonheur. Mais je pense que c’est ce que nous entendons par liberté. Si l’on peut sortir ainsi d’une dépression, même d’une très longue dépression, alors on a reçu un très grand cadeau, qui vaut bien le « prix payé ».
C’est l’or alchimique de Saturne et de Pluton, bien que Saturne et Pluton soient aussi, paradoxalement, les planètes qui semblent particulièrement refléter la propension d’un individu à se retrouver dans un état aussi sombre au départ. Les dons de Saturne sont, je pense, très apparents dans ce contexte. Ils comprennent une acceptation vraiment sereine de la réalité, une reconnaissance compatissante de ses propres limites, et une capacité à contenir ses expériences difficiles sans être déchiré par elles. Saturne apporte la terre, et très souvent une meilleure relation avec le corps émerge également d’une dépression.
La richesse de Pluton semble liée à la capacité de faire face à ses propres ténèbres, d’accepter le destin, d’abandonner la tentative de contrôler la vie, et de faire confiance à cet « autre intérieur invisible » qui déroule intelligemment son chemin de vie malgré soi. Il devient possible de vivre en acceptant pleinement la vie, car on ne craint plus ce qu’elle peut faire.
C’est la signification psychologique du symbolisme de l’alchimie — que du nigredo sort l’élixir, l’or indestructible, la lumière.
Si l’on travaille sur sa dépression, et que l’on trouve ces expériences apparemment peu agréables, mais néanmoins inestimables, on doit aussi abandonner quelque chose. On sacrifie sa naïveté, son désir de félicité uroborique, où la vie aurait dû être dépourvue des douleurs de la séparation, de la responsabilité personnelle et de la solitude. Cette vision meurt pendant le processus de la nigredo. C’est l’état de deuil que j’ai mentionné précédemment. La foi en la vie peut être restaurée après le passage, et elle sera beaucoup plus forte qu’avant parce qu’elle est maintenant construite sur un roc solide plutôt que sur des défenses intellectuelles et des fantasmes.
Il est possible de guérir de nombreuses blessures de l’enfance grâce à une bonne psychothérapie, et comme la prédisposition à certains types de dépression est liée à ces blessures, on pourrait penser à une « guérison ». Mais on ne peut pas guérir une personne de son caractère, et c’est le caractère qui réagit à la blessure de l’enfance d’une manière particulière. Il y a des dimensions de la personnalité chez chacun qui ne sont pas bien adaptées à certains types d’expériences de vie.
Cela peut sembler injuste, mais nous ne sommes pas tous égaux en matière de forces et de faiblesses. Ceux qui sont fondamentalement exigeants et ne savent pas réfréner leurs désirs auront plus de difficultés à se sortir d’une dépression, car, en fin de compte, il faut savoir lâcher prise. Ceux qui ont Neptune puissant, aussi, car ils seront attachés à la vision d’un monde « idéalisé » où tout se déroule à merveille.
Il semblerait que la dépression soit le produit entre des circonstances et un caractère. Les qualités que l’on doit développer en nous viennent nous rencontrer de l’extérieur sous la forme de situations et de personnes qui frustrent nos besoins émotionnels. La vie semble utiliser des méthodes irritantes.
Crédits, sources et inspiration : Liz green