Tirer les cartes : introduction
Comment tirer les cartes ? Est une question qui revient souvent chez ceux qui débutent en Tarot de Marseille. Aussi fréquemment d’ailleurs que :
- dois-je prendre les cartes de la main gauche ou droite ?
- dois-je prendre les cartes à l’envers ?
- dois-je purifier mes cartes ?
- où dois-je tirer les cartes ?
- etc.
Personnellement, je ne me suis jamais attardée sur ces questions auxquelles je n’accorde que très peu d’importance. J’ai toujours tiré les cartes comme je le ressentais. Ce qui tombe plutôt bien, car avec le tarot tout est dans le ressenti. Tant que vous accordez du respect à ce tarot plusieurs fois centenaire et que vous lui accordez une valeur, pour moi tout est audible.
Malgré tout, un conseil : ne tirez les cartes que lorsque vous vous sentez serein, calme et psychiquement en forme. Le tarot est à la fois projectif et subjectif. Vous pourriez par synchronicité, tirer des arcanes qui reflètent peut-être votre situation actuelle, mais pas obligatoirement, l’issue à votre question.
Comment choisir son premier jeu de cartes ?
En ce qui concerne le choix du tarot que vous allez utiliser, c’est tout aussi délicat. C’est un peu comme si vous demandiez à quelqu’un : « quel pull dois-je acheter ». Il existe des centaines de versions du tarot de Marseille et du Rider Waite. C’est une question de goût et d’attirance.
Est-ce qu’un tarot respecte mieux la tradition qu’un autre ?
Je penserais au Nicolas Convers, mais d’autres ne seraient sans doute pas d’accord.
J’utilise un tarot dont le symbolisme est tiré du Rider Waite. Le tarot des abysses d’Ana Tourian. Il est peu conventionnel et même franchement original et pourtant il me parle et je l’adore.
Le tarot Waite Marseille est d’une certaine manière, original, car il se focalise sur l’essentiel et semble respecter le Tarot de Marseille, avec quelques omissions (arcanes majeurs) et utilise le symbolise du Rider Waite en ce qui concerne les arcanes mineurs. Je l’aime beaucoup aussi.
Moi qui adore les chats, j’ai voulu tenter le tarot des chats. Résultat : il ne m’a jamais parlé, même si les illustrations sont sublimes.
Mes deux tarots n’emporteront sûrement pas l’adhésion de tous. Et c’est de cela qu’il s’agit, tomber en amour avec son Tarot. Si vous le pouvez, allez le chercher dans une librairie ésotérique et contemplez chaque carte. Votre cœur s’emballe-t-il ? Si oui, alors prenez-le quoique les autres puissent en dire. Si vous devez l’acheter en ligne et que vous ne pouvez pas le tenir en main et contempler les cartes, il se peut que vous deviez en acheter plusieurs avant de tomber sur votre tarot.
Faire connaissance avec son premier jeu de cartes
Que vous soyez novice ou chevronné, lorsque vous découvrez un tarot, il y a toujours un moment de flottement et d’appropriation.
Le meilleur moyen de mémoriser le sens des cartes du Tarot est de les mettre en action dans notre vie quotidienne, en relation avec les questions qui nous touchent vraiment. Avant de lire le Tarot aux autres, il est bon de passer par une période où on l’applique à soi-même. Cela nous permet de nous familiariser avec lui, mais aussi de faire face à des paradoxes, des difficultés, des incompréhensions qui élargiront notre regard.
Je vous conseille de regarder chaque carte et de noter pour chacune d’entre elles, vos observations et vos ressentis. Comparez-les si vous le pouvez à d’autres jeux : quels éléments symboliques ont présents ou absents !
Je vous conseille aussi de faire des tirages journaliers à 1 carte et en fin de journée, notez ce qui a pu être de l’ordre de la synchronicité entre l’arcane tiré et votre journée. Ensuite, passez à des tirages pour la semaine avec 3 ou 4 cartes et continuez de noter.
Faites des tirages pour vous-mêmes et notez. Voyez ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Et revoyez vos tirages. Si vous avez fait le tirage dans de bonnes conditions (connecté à vous-même et à votre question bien posée), le tarot a révélé ce qui devait l’être. À vous de voir en quoi et de comprendre ce qui vous a échappé, si votre interprétation n’était pas synchro avec la réalité.
Faire confiance à ses ressentis et son intuition
Le tarot est un outil pour rentrer en résonance avec :
- son « moi » intuitif
- son inconscient
Et comprendre les messages et les réponses que vous avez déjà en vous. Alors bien sûr, grande est la tentation si vous êtes débutant, de parcourir tous les sites internet et les livres que vous avez en votre possession. Cela n’est pas obligatoirement un mal. Sinon je n’écrirais pas à ce sujet. Mais à un moment donné, il faut résister et chercher en soi tout ce à quoi vous fait penser cet arcane. Ce qu’en pense le voisin n’a pas d’importance.
Je prends un exemple avec le Rider Waite. Sur les arcanes :
On peut y voir un serpent. Le symbolisme universel du serpent est lié à la transformation, au renouveau, mais aussi aux dangers qui guettent tapis dans l’ombre.
Non, le symbolisme n’est pas universel
Si l’on part du principe que le tarot révèle la réponse cachée dans votre inconscient et à partir du moment où vous avez pigé ces cartes, « ce serpent vous appartient ». La plupart des personnes ont peur des serpents. Mais pas tous. Mon chéri les adore et pour lui, « son serpent intérieur » ne signifiera pas la même chose que pour d’autres. Ainsi quand vous étudiez chaque arcane, demandez-vous ce que cela vous évoque. Si vous interprétez pour quelqu’un, faites de même. Et plus encore si ces symboles sont en nombre dans les cartes présentes sur la table.
Même s’il est bon de connaître le symbolisme universel, ne partez pas du principe que chaque symbole évoque la même chose pour tout le monde.
D’où la nécessité d’échanger avec son consultant. Pour moi, le tarot n’est pas un outil divinatoire, mais un outil de conseils ou de coaching. En fonction du contexte et de l’histoire du consultant, chaque arcane peut signifier différentes choses. J’ai l’habitude de dire en astrologie que le thème éclaire le vécu et le vécu éclaire le thème. C’est la même chose avec le tarot, le tirage éclaire le vécu et le vécu éclaire le tirage.
Nous verrons grâce à l’article « les tirages » comment bien poser ses questions au tarot.
L’attitude à observer pour tirer les cartes du tarot
Tirer les cartes du tarot pour une autre personne
Au moment de lire les cartes, le tarologue doit observer son consultant : est-il nerveux, calme, anxieux, etc. Tout cela permettra d’adapter notre langage et notre posture. Il se peut que le consultant cherche à calmer ses angoisses et ne pas vraiment obtenir une réponse afin d’avouer ou de chercher des solutions. J’appelle cela des consultations « aspirine », cela calme sur un moment, mais si un travail de fond n’est pas engagé, cette personne reviendra encore et encore.
Vous pouvez prodiguer les meilleures interprétations du monde, ce que le consultant en fera n’est pas de votre ressort.
Une lecture peut facilement devenir toxique. Il est très tentant pour le lecteur « voyant » qui prend ses conclusions subjectives pour des vérités absolues de faire des prédictions catastrophiques qui, bien que motivées par un sincère désir d’aider, peuvent empoisonner l’esprit du consultant.
Le tarologue doit être capable de s’interroger sur ses motivations.
- Pour obtenir un pouvoir sur la vie de l’autre ?
- Pour gagner de l’argent en se fabriquant des « clients » ?
- Pour être admiré ?
- Pour partager ses angoisses et parler de sa vie ?
Si le tarologue n’est pas clair, la lecture ne le sera pas non plus. Le Tarot est un langage essentiellement subjectif. Le tarologue a besoin de savoir ce qu’il peut projeter sur le lecteur. Personne ne peut se vanter de se connaître entièrement. Personne ne peut se vanter d’être totalement neutre. Mais on doit s’y efforcer.
Il est possible qu’un consultant ressemble à notre mère, à notre ex-conjoint ou encore à quelqu’un qui nous a blessés. Si nous n’en avons pas conscience, nous traiterons le consultant avec la même rancœur.
Pour cela, lorsque nous lisons le Tarot, nous devons savoir comment nous nous sentons. Voir si le consultant nous est sympathique ou antipathique, s’il nous fait peur, si nous l’admirons, si nous le jugeons. L’un des plus grands dangers de la lecture est que le lecteur juge moralement son consultant.
À cette fin, le tarologue doit s’efforcer d’atteindre une parfaite neutralité, en s’oubliant. S’il y parvient, la lecture apportera une réponse qui correspondra au monde de l’autre, non au nôtre. Nos solutions ne sont pas ses solutions. Le tarologue doit être doux, bon, serein et ne pas effrayer le consultant qui pour de multiples raisons peut-être fragilisé.
Le tarot est souvent entre les mains de voyants qui utilisent le Tarot non comme un langage, mais comme un outil de voyance, car il faut bien le dire la plupart des personnes intéressées par le tarot sont là pour ce genre de choses. Le tarot devient même un bouton sur lequel on appuie pour obtenir des réponses immédiates.
J’ai des tarots entre les mains depuis l’âge de 15 ans et l’exigence divinatoire des clients a failli me faire perdre la passion du tarot. Je l’ai laissé de côté pendant 6 ans. Indigestion.
Certaines personnes interrogent le Tarot pour tout et n’importe quoi et ce faisant ne font plus preuve de discernement et n’utilisent plus leur propre raisonnement.
Je suis en partie responsable, je devais y mettre des limites et cadrer mes consultations.
De même, je déplore (mais comment faire) les lectures sur rendez-vous. Au moment où le rendez-vous a lieu, le tarologue peut très bien ne pas être psychiquement prêt et disponible. Mais comme il a rendez-vous, il recevra le client. Et souvent, il enchaînera 3 ou 4 consultations. Or, il faut être réceptif, calme, prêt et en forme. Je vous laisse terminer le raisonnement.
De plus, les clients « à prédictions » sont anxieux de connaître leur avenir, mais prédire que les choses peuvent arriver les fait arriver : le cerveau a tendance à réaliser automatiquement les prédictions. Prenons garde.
Certes, le Tarot peut servir à explorer des questions très concrètes aussi bien qu’à cerner des problèmes psychologiques. On peut considérer que le rôle du tarologue, consiste à traduire un message venu de l’inconscient de la personne, et à le lui faire comprendre d’une manière qu’elle puisse saisir dans sa vie quotidienne et l’appliquer à ses préoccupations. Le seul rôle du tarologue est d’aider à y voir plus clair, si on le lui demande.
Pour finir, je n’ai jamais aimé les cartes à l’envers. Cela revient à intégrer de la négativité dans la lecture. De plus, cela peut avoir un effet psychologique négatif sur la personne qui stresse en les voyant.
Je préfère utiliser des modèles de tirages où un emplacement est réservé pour soulever les problématiques à solutionner.
Tirer les cartes pour soi
La pratique de la lecture pour soi-même est un des meilleurs moyens d’approfondir le Tarot. C’est à la fois ce qu’il y a de plus aisé à faire et la chose la plus difficile, car on est à la fois consultant et lecteur, et l’on bute sur ses propres dénis, ses désirs de réponses, ses peurs et ses envies de passer outre les messages délivrés. Mais c’est aussi une formidable école d’approfondissement et d’humilité qui nous permet de toucher du doigt nos défenses.
J’ai demandé au tarot comment faire pour que ma section « tarot » plaise
Sur le jeu entier, j’ai pigé le chariot. Le Chariot du Waite Marseille montre un personnage prêt à conquérir et à avancer. Petit problème : les roues du chariot ne semblent pas en état de fonctionnement et les chevaux n’ont que 2 pattes et, qui plus est, regardent dans deux directions opposées. J’ai focalisé mon regard sur les roues et immédiatement dans ma tête « se remettre sur les rails ». Et oui, j’ai mis en pause le tarot, et je dois effectivement me remettre sur les rails et m’y atteler. Une partie en moi a envie de mettre ma section Tarot sur les rails (le cheval blanc) et l’autre est encore dans le souvenir de mon burn-out (cheval noir) liée à la voyance, même si je reste médium. Ce cheval noir ne veut sans doute plus de tirages centrés sur la voyance. Du moins c’est mon interprétation sur le moment.