Le terme générique « planète » est utilisé en astrologie aussi bien pour le soleil qui est une étoile que la lune qui est un satellite et les 5 planètes visibles à l’œil nu. À cet inventaire s’ajoutent les 3 planètes découvertes grâce aux télescopes (Uranus, Neptune et Pluton).
Les planètes au regard de la mythologie, la philosophie et la science
Le symbolisme attribué aux planètes prend sa source en Mésopotamie où chacune des planètes était dédiée à une divinité importante. Les planètes servaient à transmettre les « volontés divines ». Les Mésopotamiens employaient un système d’analogie entre les phénomènes planétaires et la vie sur terre. Les planètes « délivraient un message céleste » aux hommes, mais n’étaient nullement, dans leur esprit, la cause du malheur ou du bonheur des hommes.
En Grèce, la pensée mythologique supplée la pensée magico-religieuse. Les planètes sont devenues des Dieux et Déesses qui guident et inspirent les hommes.
Les philosophes ioniques (en Ionie) tentèrent de dépasser une cosmologie magique ou polythéiste et se dédièrent à expliquer le fonctionnement de l’univers de manière plus rationnelle. Pour les penseurs ioniens, l’univers devait être « ordonné » selon un « premier principe de toutes les choses ».
De cette réflexion naquit la base de l’astrologie naturelle : l’air, le feu, l’eau et la terre.
Empédocle (490 AV. J.-C.) concevait les fonctions physiologiques comme étant déterminées par le dynamisme des 4 éléments.
Le concept des 4 éléments sera repris plus tard par Carl Jung en tant que 4 fonctions intégrées à la « psychologie des profondeurs ».
Pour Platon, les Dieux, les mythes, les nombres sont autant d’images censées réveiller les idées qui reposent dans chaque âme humaine et mieux participer à la réunion avec le « un » divin. Aujourd’hui, on parlerait du « SOI ». Il est le premier à développer le concept d’archétypes astrologiques, pont entre l’âme des hommes et l’âme collective.
Aristote prétendait à une analyse empirique de la cosmologie. Son principe de causalité va entretenir la croyance en l’influence physique des planètes sur la réalité humaine. Il aura une influence considérable sur le déterminisme astrologique. La controverse entre Platon (symbolisme) et Aristote (déterminisme, empirisme) alimentent encore de nos jours les polémiques astrologiques. Science exacte contre art mythopoïetique dont je me réclame et donc Carl Jung se réclamait aussi.
En concomitance, en Grèce, les déités mythologiques de l’Olympe étaient toujours célébrées et exerçaient une grande fascination. Elles venaient nourrir l’imagination du plus grand nombre. Les images et fantasmes liés à vénus, mars, Mercure ou jupiter étaient vivaces. Leurs qualités furent nûment attribuées aux planètes. L’imagination mythologique était foisonnante.
C’est à cette époque que le chevauchement notoire entre la pensée rationnelle et la pensée mythopoïetique s’installa et perdura, y compris en astrologie.
Plus tard, les stoïciens considérèrent l’homme dans sa totalité psychosomatique et virent dans le microcosme humain une réflexion du macrocosme divin. Les 4 éléments formaient la base de tout. Les stoïciens ont tenté de concilier le déterminisme et le libre arbitre. L’homme ne pouvait connaître le bonheur que s’il harmonisait sa vie avec cette sagesse toute puissance.
Quand il n’est pas possible de changer l’ordre des choses, il reste la liberté de changer d’attitude.
Claude Ptolémée au 2e siècle av. J.-C tenta de débarrasser l’astrologie de sa frange magique et religieuse en épousant le rationalisme. Il souhaitait donner à l’astrologie une base mathématique et scientifique et rejeta toute idée de « message divin » ou toute « dimension archétypale et mythologique ».
Plotin (néoplatonisme) concevait que la position des planètes pouvait être une modification de la dynamique archétypale du cosmos à un moment donné. Il rejoint l’être humain à co-créer son destin en harmonie avec l’âme du monde, tout en faisant appel à sa raison et à sa logique.
Au 20e siècle émergea le concept de Jung sur l’anima et l’animus.
Pour Plotin, le monde est rempli de signes et de symboles. L’astrologie est un moyen de les interpréter. Il conçoit l’univers comme un monde vivant doté d’une âme (planètes comprises). L’astrologie est simplement une lecture rationnelle de signes et de symboles qui s’incarnent dans la réalité des hommes.
Depuis Aristote et jusqu’à nos jours, les deux courants de l’astrologie ont coexisté :
- l’astrologie prévisionnelle et déterministe
- L’astrologie symboliste et humaniste
Ces deux orientations font toujours débat. Les planètes étant les acteurs principaux de la pièce qui est jouée dans chaque thème sont bien certainement aussi au cœur des polémiques.
Au 20e, ce fut Carl Jung et la « psychologie des profondeurs » qui engendra un regain d’intérêt pour l’astrologie symboliste et archétypale dans un monde dominé par une pensée mécaniste et matérialiste.
En cela, je le remercie.
Pour Carl Jung, l’astrologie avait un énorme potentiel pour aborder l’énigme de la psyché et la nature de l’âme. Sa psychologie des profondeurs se réfère d’une part à la mystique platonicienne et d’autre part à l’idée d’un ordre universel : « l’Anima Mundi ». Ce modèle est composé d’archétypes qui appartiennent à la psyché collective, mais qui constellent la psyché individuelle.
Pour Carl Jung l’astrologie était de nature acausale. Il était hors de question d’attribuer aux planètes une quelconque influence physique sur l’homme. Elle relevait plutôt de la synchronicité entre l’ordre cosmique et l’organisation psychique. Les planètes seraient donc des manifestations archétypales ou imaginales qui prendraient vie et sens en s’incarnant dans notre conscience par le biais des pensées et émotions.
L’archétype de la grande mère (la lune ou vénus en astrologie) est une réalité psychique vide. Elle ne prend vie et sens que par le biais de vos pensées et émotions (archétype activé). La relation réelle à votre mère ou à la nature est des « manifestations archétypales activées » de l’archétype « féminin » vide ou du sous-archétype « mère » vide.
La dynamique archétypale (position des planètes en signes et en maisons) à votre naissance facilite ou non une connexion avec tel ou tel archétype représenté par chaque planète. On parle donc de manifestations archétypales. Il y a une planète mars, mais différentes façons de vivre en soi cet archétype.
Planètes, astrologie archétypale et individuation
La lune et vénus symbolisent l’anima. Mars symbolise l’animus instinctif quand le soleil incarne l’animus conscient. Selon Carl Jung, la complétude, la totalité s’obtient en incarnant de manière équilibrée ces deux instances psychiques. C’est donc à raison que les astrologues portent attention aux deux luminaires.
S’individuer signifie « être conscient » de son chemin, de ses actes, de son pourquoi, sa motivation, sa singularité. Le soleil représente la partie visible de ce processus, mais la lune n’est pas en reste en tant que réservoir de l’inconscient.
Chaque planète porte en elle une part lumineuse correspondant à une expression créative de ses qualités intrinsèques et une part sombre correspondant à une expérience destructrice. Tant que nous n’acceptons pas cette part sombre, nous continuons de les projeter sur notre environnement et nos proches.
Un thème astral est donc une cartographie de notre psyché où ombre et lumière nous incitent à intégrer tout notre potentiel.
Les planètes personnelles (individuelles)
Les planètes personnelles sont appelées ainsi, car ce sont elles qui ont un impact le plus puissant sur l’individualité et la personnalité. On appelle aussi les planètes, mars, mercure, vénus, les planètes rapides. Elles parcourent le zodiaque bien plus rapidement que :
- Jupiter (12 ans)
- saturne (29 ans)
- Uranus (84 ans)
- Neptune (165 ans)
- Pluton (248 ans).
Le soleil en astrologie : devenir « soi », vouloir, paraître, briller, se valoriser, avoir confiance en soi, créer, pouvoir, vouloir, rayonner, s’épanouir, se mettre en scène, se montrer, se réaliser
La lune en astrologie : se sécuriser, s’émouvoir, ressentir, protéger, imaginer, assimiler, pondérer, mémoriser, absorber, féconder, changer, se soumettre à, accepter, je suis mère, je suis ma propre mère, féminiser, accueillir
Mercure en astrologie : se relier à son environnement, communiquer, échanger, observer, apprendre, comprendre, rationaliser, s’adapter, formuler, s’exprimer, critiquer, persuader, élaborer, discerner, appliquer, perfectionner.
Vénus en astrologie : avoir son propre système de valeurs, harmoniser, concilier, séduire, embellir, participer, exploiter, charmer, tempérer, s’unir à, désirer, se relier à l’autre, accepter l’autre
Mars en astrologie : s’affirmer, prendre l’initiative, se battre, oser, agir, commander, lutter, conquérir, agresser, défendre, se défendre, masculiniser
Les planètes sociales
Ce sont les planètes lentes à l’extérieur de l’orbite de la Terre qui impactent la relation entre l’individu et son environnement. Ceci dit, « planètes lentes » ne signifie pas « impacter » l’individu sur un tard. C’est plus complexe que cela.
Jupiter en astrologie : conceptualiser, guider, prodiguer, explorer, éclairer, enseigner, développer, s’ouvrir à, dépasser ses limites, s’étendre, envahir, aspirer à un sens
Saturne en astrologie : structurer, réfléchir, prévoir, se maîtriser, achever, concrétiser, méditer, se dépouiller, s’élever, résister, se rétracter, rigidifier, approfondir, se contracter, se refermer sur soi-même, se saboter, se limiter
Les planètes transpersonnelles
Les planètes transpersonnelles dites « planètes transsaturniennes » sont dites collectives ou générationnelles, car leurs positions en signes marquent des générations entières. Néanmoins, un individu ne vit pas isolé dans sa psyché. Il est aussi partie prenante de sa génération. Il en subit les tendances, les travers ou les bienfaits.
D’ailleurs Carl Jung insiste à dire que nous sommes tous influencés, non seulement par les archétypes qui ont « le vent en poupe » à notre époque, mais aussi par ceux des âges immémoriaux où notre « être » était encore en conjonction avec « mère Nature ». Que nous le voulions ou pas, les racines de notre « psyché individuelle » puisent dans ce réservoir qu’est l’inconscient collectif.
Ces planètes transpersonnelles ont une influence prépondérante en maisons, et ce, particulièrement si elles touchent aussi un point vital du thème (soleil, lune, ascendant, maître d’ascendant et maître du MC).
Je qualifierai ces planètes de « planètes de la transformation ». Certes, l’intégration consciente des archétypes liés à ces planètes se fait souvent tard dans la vie. Néanmoins et dans le cas où elles seraient en contact étroit avec une planète, elles se vivent chez beaucoup sur un plan instinctif et inconscient.
Uranus en astrologie : émanciper, s’émanciper, changer, innover, inventer, se singulariser, réformer, projeter, libérer, se libérer, accélérer, électriser, autonomiser, moderniser, progresser, affranchir, s’affranchir
Neptune en astrologie : Idéaliser, fusionner, rêver et créer, espérer, s’illusionner, se connecter, communier, accepter, renoncer, inspirer, se dévouer, s’oublier, compatir, sauver, se diluer, s’éloigner
Pluton en astrologie : transformer, se transformer, se remettre en question, se dénuder, faire table rase et recommencer, creuser, renaître, sonder, pénétrer, décrypter, accoucher, sexualiser, érotiser, détruire, anéantir, dominer
La rétrogradation des planètes
Lorsque l’on surfe sur le web, on lit qu’une rétrogradation d’une planète est :
- une planète qui se vit sur un mode plus intériorisé
- une planète dont l’énergie archétypale serait inaccessible ou moins accessible, voire refoulée
- une non-résolution d’une problématique dans une vie passée
Je pense tout le contraire. Je pense que la rétrogradation d’une planète accentue l’importance du signe ou de la maison là où elle se trouve et de la planète en elle-même. En effet, elle reste stationnaire et accumule donc de « l’énergie » (réminiscence) au lieu de sa boucle de rétrogradation. Elle prend donc une importance qui n’est pas intériorisée du tout, elle devient focus. Si la planète « pose problème » ce n’est pas en raison de sa rétrogradation, mais bien par le truchement du jeu des aspects.
Je reviendrai plus en détail sur ce point en étudiant le thème d’exemple en étudiant Mercure (carré Uranus rétrograde) et le soleil (trigone Pluton rétrograde) et avec un autre thème d’exemple Vénus rétrograde.
État céleste des planètes
une domiciliation est attribuée à chaque planète : ce lieu de domiciliation est un signe dans lequel la planète se sent chez elle.
Par exemple : le soleil et le signe du lion
Un lieu d’exil est un signe où une planète perd de sa puissance (paraît-il).
Par exemple : le soleil en verseau
Bien que je connaisse ces lieux d’exil, quelque chose en moi n’a jamais été d’accord. Il y a des millions ou des millions de verseaux dans le monde et donc tous « ces braves gens » auraient un soleil « atrophié ». Sans compter que leur thème pourrait aussi accueillir une vénus faible, un mars faible, etc.
Que Dieu ait pitié de votre âme. Entre l’exil, la chute, la rétrogradation, mais que vous reste-t-il ?
Qu’une planète ait un signe de prédilection, je suis d’accord. Faisons tout de même un parallèle avec vous. Lorsque vous sortez de votre zone de confort, perdez-vous en puissance ? Non ! Vous finissez par gagner en assurance. Une petite période de turbulence, d’adaptation, d’apprentissage ? Bon peut-être ! Mais selon votre thème et votre vécu, ce n’est même pas certain.
En astropsychologie, le thème n’est pas envisagé du point de vue d’un destin inexorable. L’acquis a autant d’importance.
Votre soleil en verseau peut-être puissamment soutenu (si je reprends l’exemple ci-dessus). Par ailleurs, chaque signe incarne sa part de lumière et d’ombre à l’instar de chaque planète. Une planète en domicile ne fait pas exception. Un soleil en lion incarne une part de lumière et d’ombre différentes d’un soleil en verseau ou d’un soleil en Gémeaux.
État terrestre des planètes
À ce sujet, la tradition astrologique me déplaît encore plus. On y trouve:
- des maisons heureuses dites de « joie » (indice de positivité pour la planète)
- des maisons malheureuses (indice de négativité pour la planète)
- des maisons angulaires (indice de puissance pour la planète)
- des maisons succédantes (indice de puissance médiocre pour la planète)
- des maisons cadentes (indice de faiblesse pour la planète)
Selon où se trouve la planète, celle-ci perdrait ou gagnerait en puissance et en positivité.
Selon la tradition, même une bénéfique (Vénus et jupiter) en maison malheureuse (6, 8 et 12) « n’empêcherait pas le mal » à moins d’être en bon état céleste (domicile et exaltation), auquel cas, « le mal serait adouci ».
Exemple : dans mon thème Saturne est pérégrine (mauvais état céleste) en maison 12 (arff) trigone à mercure (pérégrine) en maison 8. Pour ces astrologues d’antan, peu de bien, voire aucun, ne peut ressortir de cet aspect. Mercure est almuten de 1 et de 2. Saturne est almuten des maisons 6, 10 et 11. Toutes ces maisons (et leurs expériences de vie associées) sont donc impactées et apparemment, durablement.
Que saturne soit un censeur je veux bien, mais il est aussi un ascenseur sur le long terme. Saturne porte en lui comme les autres planètes ombre et lumière ? Pourquoi faire de lui un maléfique ? Le raisonnement s’applique aussi à Mars considéré comme une planète maléfique par les anciens.
J’aime mon Saturne et je lui dis merci.
Qu’une planète en maison angulaire soit marquante, je l’accorde. Le fait qu’une planète soit marquante ne veut pas dire « positive » ou négative », et n’implique pas non plus que les autres planètes ne puissent pas jouer un rôle important.
Les planètes aux angles ont par nature (et sauf indication contraire dans le thème) plus de facilité à être intégrées en conscience. L’énergie qui leur est propre est plus facilement identifiable par les autres.
Les réceptions mutuelles
Impliquent souvent une nécessité ou une facilité à réunir deux parties de l’être profond qui tendent naturellement à s’opposer. Elles invitent à plus de totalité.
Mars en cancer et lune en bélier
Les deux maisons occupées par ces deux planètes sont invitées à rentrer dans la danse de la réunification. Cette réception mutuelle est d’autant plus marquante si les deux planètes sont en aspect.
Les planètes en astrologie sont des instances psychiques au service du soleil, de notre individuation, de notre croissance psychique qui tend vers une plus grande complétude.
Pour Plotin, le monde est rempli de signes et de symboles. L’astrologie est un moyen de les interpréter. Il conçoit l’univers comme un monde vivant doté d’une âme (planètes comprises). L’astrologie est simplement une lecture rationnelle de signes et de symboles qui s’incarnent dans la réalité d'un individu. Au 20e, ce fut Carl Jung et la « psychologie des profondeurs » qui engendra un regain d’intérêt pour l’astrologie symboliste et archétypale. Explications.